vendredi 28 octobre 2011

Trois cercueils se refermeront - John Dickson Carr

Auteur : John Dickson Carr (USA)
Titre : Trois cercueils se refermeront
Parution : 2010 aux éditions Le Masque (1935 en VO)


Après l'enthousiasmant roman "La chambre ardente", c'est avec une certaine impatience que nous attaquions ce livre, afin de savoir s'il est du même acabit. Dès les premières lignes, on devine la réponse, avec un meurtre a priori impossible, dans une chambre close, et le désir de connaître au plus vite le subterfuge.


"Vous ne croyez pas qu'un homme puisse se lever de son cercueil ? Qu'il puisse se rendre invisible et se déplacer à sa guise, sans que les murs signifient rien pour lui ?"
Telle est la supposition farfelue d'un homme venu mettre en garde le docteur Grimaud (adepte de la magie), que son frère (et lui-même) sont capables de réaliser cette prouesse. Car il affirme même que son frère va le tuer. Quelques jours plus tard, le docteur succombe à son domicile, précisément dans son bureau, abattu d'un coup de colt. Problème. Plusieurs témoins étaient devant la porte de la chambre du crime et n'ont vu personne en sortir. Quant-à l'unique fenêtre de la pièce (à l'étage), elle n'a pu être utilisée pour s'échapper. En effet, une belle couche de neige, absolument intacte, couvre le sol. Pas de traces non plus sur le toit... Voici donc un joli casse-tête en ligne de mire pour résoudre cette intrigante énigme...


Carr mène de manière subtile l'intrigue, en croisant et en analysant les différents témoignages, afin de mettre - provisoirement ou définitivement - les personnages hors de cause. Il s'amuse aussi à brouiller les pistes, en insérant une atmosphère de magie (le milieu de la prestidigitation n'est pas loin) et de fantastique (des hommes qui seraient sortis de leurs cercueils dans un lointain passé), pour notre plus grand plaisir. La solution, assez imprévisible, désarçonne et conclut brillamment la construction du récit.


En somme, un polar captivant et malicieux, que vous lirez d'une traite... et un auteur à (re)découvrir au plus vite !

lundi 24 octobre 2011

Steampunk Bible - Jeff Vandermeer & S.J. Chambers

Auteurs : Jeff Vandermeer - S.J. Chambers
Titre : Steampunk Bible
Parution : 2011
Editeur : Abrams

Si le nom de Chambers ne vous dit pas grand chose, vous connaissez peut-être Vandermeer, dont "La cité des saints et des fous" à été traduite aux éditions Calmann-Levy. Il a publié d'autres oeuvres - hélas inédites - telles "Finch", "Shriek" ou "Veniss underground". A travers un ouvrage enrichi de nombreuses illustrations et agréable à parcourir, les auteurs nous proposent un voyage pour découvrir les prémisses du sous-genre steampunk jusqu'à ses derniers développements.

Tout d'abord, en quelques mots, qu'est-ce que le steampunk ? Littéralement traduit, cela signifie "punk à vapeur". Le terme désigne à la base des fictions dont l'action se déroule au XIXè siécle (avec l'utilisation des machines à vapeur) durant la révolution industrielle et se poursuivant à l'ère victorienne.

Si les auteurs remontent à Verne, Wells, Poe (l'auteur du premier canular steampunk ?) et aux contes philosophiques pour identifier les proto-steampunk, c'est bien dans un bar californien que le steampunk "moderne" a vu le jour, au milieu des années 80. En effet, c'est avec un bon délire que trois auteurs vont poser les bases de cette sous-culture : James Blaylock (Homunculus), K.W. Jeter (Morlock night) et Tim Powers (Les voies d'Anubis)  écrivent une forme d'histoire alternative basé sur l'ère victorienne.

Ensuite, d'autres formes d'expressions se développent : Les jeux de rôle (Les royaumes d'acier, Dungeon Twister, etc.) ; la musique (Abney Park et Dr Steel, en particulier) ; le cinéma (Steamboy, Le château ambulant, Capitaine Sky et le monde de demain, etc.) ; les jeux vidéo ou encore la mode.

Quelques pistes de lecture :

Paul Di Filippo : La trilogie steampunk - Gibson et Sterling : La machine à différences - Kim Newman : Anno Dracula - Gail Carriger : Sans âme - Thomas Day : L'instinct de l'équarisseur - le bel essai de Etienne Barillier intitulé "Steampunk".

En VO :
Arthur Slade : the hunchback assignments - Falksen : blood in the skies - Stephen Hunt : the court of the air - Dexter Palmer : The dream of perpetual motion.


A noter que le livre est assez facile d'accès, et que par conséquent il serait dommage de s'en passer sous prétexte qu'il n'est pas traduit. Si au départ le terme "steampunk" prêtait à sourire, son ampleur ne cesse de croître et gageons que ce sous-genre a encore de beaux jours devant lui. A découvrir !

mardi 11 octobre 2011

Le facteur sonne toujours deux fois - James Cain

Auteur : James Cain (USA)
Titre : Le facteur sonne toujours deux fois
Editions Folio policier
Parution : 2000 (VO, 1934)

En plus d'avoir été un scénariste à Hollywood, James Cain écrivit des polars dont celui-ci est, sans doute, le plus connu. Très court, totalement immoral et sans détour, ça claque et ça marque.

En Californie, Franck Chambers (un vagabond) accepte un job de mécano dans une station essence. Très vite intéressé par l'épouse du proprio, ceux-ci ne vont pas tarder à faire des galipettes. Les tourtereaux vont tenté de maquiller le meurtre de l'encombrant mari en accident domestique : mais cela échoue. Le cocu s'en tire avec une fracture du crâne... et une volée de soupçons sur le couple immoral, aux yeux de la police. Le mari n'y a vu que du feu. Mieux, il retrouve en ville son ex-employé (qui avait mis les voiles) et l'incite à reprendre son poste. Ce dernier accepte. Dès lors, la seconde tentative pour supprimer l'homme va suivre son chemin. Mais ce n'est pas chose facile que de tuer sans attirer l'attention...

On sait très peu de choses sur les trois personnages, l'auteur allant à l'essentiel. Ici, sous couvert de normalité, l'épouse et son amant entreprennent des choses qui semblent quasiment naturelles (après tout, tuer son mari pour se barrer avec un autre, rien de plus logique). Leur relation deviendra ambiguë, étrange même, entre haine et passion. La fin oscille entre le grotesque, un manque évident de chance, ou un énième acte roublard de la part du vagabond. On referme le livre un peu sonné et dérouté, ne sachant véritablement quoi penser des pages que l'on vient de lire : à la fois sarcastique, ironique, malsain, absurde, désopilant, démentiel, loufoque... pour sûr, l'image de la vie n'en sort pas grandi.

vendredi 7 octobre 2011

Quand la ville dort - William Riley Burnett

Auteur : William Riley Burnett (USA)
Titre : Quand la ville dort
Editions Folio policier, 2008
Parution originale : 1949

Classique de la fin des années 40, "Quand la ville dort" évoque la préparation d'un braquage de bijouterie par une équipe expérimentée. Mais dans la vie, tout ne se passe pas toujours comme prévu.


Un criminel de niveau mondial, Riemenschneider (alias Herr Doktor), vient de sortir de taule. Il se rend fissa chez un bookmaker, avec une valoche contenant 100000 dollars. Son plan vise à se faire un pactole d'un demi-million de dollars en se faisant la bijouterie. Le bookmaker le met en relation avec un restaurateur qui a du pif pour "sentir" les gens (fiables ou non) et qui dispose de beaucoup d'informations concernant les flics ; Dix, un tueur dont une meuf sur le déclin l’agrippe ; Emmerich, l'avocat véreux ; et enfin un serrurier de haut vol, Louis. Ce joli monde pense réaliser un coup sans risque. Mais la machine si bien huilée va inévitablement grincer. D'autant plus que la ville a accueilli un nouveau commissaire général qui n'a qu'une envie : réduire la vague de criminalité.


Il est dommage que l'intrigue ne soit pas plus rapidement posée, car si l'on suit les rencontres entre truands et l'élaboration du plan avec intérêt, on regrette le manque d'action. Cependant, la dernière partie compense cette insuffisance, en nous offrant le côté fragile et "humain" des malfrats, les rendant presque affectueux. Presque, car ce ne sont pas des enfants de coeur, loin de là. Plus que le casse en lui-même, c'est davantage le côté psychologique et relationnel que Burnett prône, avec en premier lieu, Louis, le serrurier, qui avait abandonné le monde criminel pour les beaux yeux de sa tendre épouse, et de son petit bambin. Au final, un bon polar, avec cette petite pointe de réserve pour la mise en route.

dimanche 2 octobre 2011

La chambre ardente - John Dickson Carr

Auteur : John Dickson Carr (USA)
Titre : La chambre ardente
Editions Le masque
Parution : 2003 (1937 pour la VO)

L'américain John Dickson Carr (1906-1977) est un auteur de romans policiers à ranger aux côtés des Agatha Christie, Ellery Queen ou Dorothy Sawyers. Ces intrigues tournent autour d'un crime a priori impossible, l'histoire prenant volontiers une orientation surnaturelle, bien que la solution soit la plupart du temps totalement rationnelle. "La chambre ardente" est sans doute l'une de ses oeuvres les plus célèbres.


A Crispen, aux portes de Philadelphie, Miles Despard vient de succomber à une gastro-entérite. Mais la gouvernante a eu une vision juste avant son décès. Celui-ci était en conversation avec une femme costumée, qui aurait quitté la pièce par une porte murée depuis deux cents ans.
La certitude que Miles n'est pas mort de façon si naturelle arrive. En effet, le chat ayant bu dans la tasse du défunt a été retrouvé mort. De l'arsenic en forte dose en est la cause. Mais comment certifier cet empoisonnement ? Il n'y a pas trente-six solutions : il faut autopsier Miles. Un problème inattendu vient s'ajouter. Le cercueil est vide, bien qu'il soit dans "une crypte de granit, sans fenêtre et fermée, non point par une porte, mais par une dalle pesant une demi-tonne sur laquelle il y a une couche de gravier et de terre". Mais ce n'est pas tout. Edward Stevens découvre dans un manuscrit (qu'il doit lire pour sa maison d'édition) la photo de sa propre femme... guillotinée il y a 70 ans pour empoisonnement. Mauvaise blague de l'auteur ? Pas sûr. D'autant plus lorsque l'on trouve un manuel de sorcellerie dans la chambre du défunt et sous son oreiller une corde comprenant neuf noeuds...


Carr nous mène en bateau de manière fort ingénieuse, en montrant l'impossibilité d'un événement (du moins sans intervention surnaturelle) - à savoir la disparition d'un cadavre enterré, tout en disculpant les protagonistes, chacun ayant un alibi en béton. Comme le crime n'a pu être commis que par une personne proche, nous nous retrouvons donc dans une impasse. Mais petit à petit les masques tombent et le nom du coupable va alors éclater au grand jour. Le dénouement final n'intervient que lors du dernier paragraphe, nous laissant admiratif et comblé. La chambre ardente n'a assurément pas usurpé son qualificatif de chef-d'oeuvre. A lire d'urgence !