mardi 13 novembre 2012

J'en fais mon affaire - Mario Levrero



Auteur : Mario Levrero (Uruguay)
Titre : J'en fais mon affaire
Editions L'arbre vengeur
Parution : 2012 (VO, 1998)


Les éditions L'arbre vengeur publient de temps à autre des auteurs sud-américains inconnus mais dignes de l'être, à l'instar de l'excellent Rafael Pinedo dont nous vous recommandons son roman au titre évocateur, "Plop". Ils continuent donc à creuser avec l’uruguayen Mario Levrero avec ce livre plaisant sans être totalement convaincant. 


L'angoisse de l'auteur (ou présumé tel), c'est - au-delà de la page blanche -  d'écrire de bons romans, mais. Ce mais qui provoque l'irritation, qui le blesse dans son ego, car son bouquin n'est pas dénué de qualités, simplement il manque la petite étincelle le faisant basculer dans les textes publiables. Notre auteur n'est pas en reste puisqu'on lui propose, contre deux milles dollars (ce qui représente une somme en Uruguay) pour mener une enquête. En effet, un manuscrit époustouflant à atterrit sur le bureau de l'éditeur, cependant son auteur, un dénommé Juan Perez, est introuvable pour signer un contrat. L'écrivain "raté" accepte et part dans une ville paumée où il rencontre des personnages excentriques comme son ancien camarade de classe qui lui piquait ses crayons (le petit salopard) mais il prend sur lui bien qu'il ne puisse l'encadrer, ou encore un homme bizarre dont le regard poétique et décalé sur le monde ne laisse pas indifférent.  

Ce voyage nous propose une galerie de personnages hauts en couleurs, touchants, drôles, énervants, ou intrigants. A travers cette quête non dénuée d'embûches, l'écrivain trouvera bien plus que ce qu'il venait chercher. Car le chemin est plus important que le but, en s'enrichissant de nouvelles expériences. Pour citer un proverbe peul, "l'initiation commence au berceau et finit à la tombe". Nous sommes légèrement déçus par le dénouement, nous attendant à une sorte de chausse-trappe encore plus tordu que les gens croisés précédemment. Tel n'est pas le cas, cependant, à sa façon, il conclut l'histoire avec attendrissement. 


"J'en fais mon affaire" s'avère une découverte intéressante, cependant on ne peut s’empêcher d'éprouver une pointe de déception, un sentiment que l'auteur aurait pu mieux faire. Peut-être sommes nous trop exigeants, car ce roman divertissant et astucieux dépasse aisément la médiocrité des publications sans prises de risque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire